Tous enfermés, et autre poème
Tous enfermés tel le Minotaure
Ce poème a été écrit dans le cadre d’un exercice d’écriture lors du programme d’éducation culturelle et artistique avec le Paris Mozart Orchestra. Nous devions écrire un texte en associant le contexte du confinement au mythe d’Ariane et le Minotaure commandé à la compositrice Silvia Colasanti.
Tous enfermés tel le Minotaure
Qui pense au jour de sa liberté,
Cette maladie qui se promène
Ne fait que l’inquiéter.
Sans permission, sept corps lui furent apportés
Le septième dont il prit qu’une unique bouchée
Avait un goût particulier.
Mais des pas se font entendre
Inconnue est leur provenance.
Voilà qui se dresse devant lui
Une femme dont la beauté luit
Serait-ce sa bien-aimée
Qui vient le délivrer de ce long calvaire enduré ?
L’embrasser, son rêve à réaliser.
Mais elle s’approche avec une dangereuse douceur
Et son cœur fut transpercé
À la seconde où ses lèvres l’ont touchée.
14 nuits plus tard elle ne peut plus bouger
Ariane est fiévreuse et essoufflée,
La flammèche qui la nourrit
S’éteint lors de la nuit.
Chaque jour nous y sommes confrontés
Lorsque nous osons nous promener,
Dans ses villes fantômes habitantées
Par des êtres confinés...
Douce, joyeuse, aimante et aimée
Douce, joyeuse
Aimante et aimée
Cette eau péri au fil des années
Ce fil rouge tenue par Fatalité
Qui seule, choisira sa destinée
Styx, noir, n’y mets pas les pieds,
sage décision.
Le reflet de ton âme assoiffée de sang,
hurlant ta mort se cache tout au fond.
Phlégéthon,
ébouillantée,
ton âme brûle à sa pensée.
Achéron, eau versant ses larmes désespérées,
Cherchant son énergie dans la rivière,
venant l’alimenter.
Cocyte, inutile, elle terminera son chemin dans la mer,
Vaste ouverture au monde,
Mais les choix engloutis remontent à la surface
Pour lui barrer le chemin
Léthé, bleu, silence, l’horizon.
La vérité est révélée,
le fleuve est calme,
ni bateau ni marins :
La mer est là, ne faisons qu’un.
Arielle M’Baya