Vernissage
Les premiers ateliers ont eu lieu dans les rires. Les rires et les chuchotements et les soupirs. Quand on est gênés, c’est un réflexe vieux comme nos ancêtres, vieux comme le début du monde. On rit. Pour ne pas montrer qu’on est touché piqué troublé, on regarde ailleurs et on rit dans sa barbe ou son col roulé. On parle fort. On raconte n’importe quoi. On s’agite sur sa chaise. On jette par la fenêtre ses yeux intimidés, absents ou fatigués, circulez y a rien à voir. Avec leur blouson et parfois leur sac vissé sur le dos, les baskets nerveuses prête à galoper à la première sonnerie, les 48 élèves répartis en deux classes ont donc ri.
Mais au fil des ateliers, lentement, sûrement, chacun a accepté de jouer le jeu. Un peu. De ne pas se laisser enfermer dans sa peur. Chacun a commencé à écrire. Quelques lignes pour certains. De longs paragraphes pour d’autres.
Le courage que cela leur demande, on ne l’imagine pas. Il en faut des s’il te plaît et des allez pour qu’ils prennent confiance en leurs mots. Mais le petit miracle est là. D’une description à une autre, d’une émotion lâchée au détour d’un verbe, presque par inadvertance, à une pensée assumée. D’un poème à une lettre.
C’est ce travail que j’ai eu la joie de présenter lors d’une exposition doublée d’un beau-livre. L’audace des élèves de 2de9 et 2de13 du lycée Jacques-Feyder d’Épinay-sur-Seine. Leur énergie. Leur sensibilité. Leur photos et leurs textes. Un petit miracle, je vous dis. Merci à eux. Merci à la galerie La Capsule du Bourget. Et merci aux professeurs géniaux qui m’ont accompagnée (cc Candice Charles !). Les petits miracles se font à plusieurs.