Voyage dans le temps à Pincevent
Mercredi 12 juillet. En compagnie de l’ethnologue Éric Minnaert, qui joue le rôle de consultant pour moi lors de cette résidence, je prends la route pour aller visiter le site de fouilles de Pincevent. Le site a été ouvert en 1964 par l’archéologue, paléo-ethnologue et résistant André Leroi-Gourhan. Éric a fouillé ce site au début des années 1980, alors qu’il était adolescent. C’est Leroi-Gourhan qui, il y a quarante ans, a infléchi sa carrière en ces mêmes lieux, lorsqu’il lui a dit qu’il était fait pour l’anthropologie.
J’ai donc proposé à Éric de retrouver ce "point d’origine" de tout son parcours professionnel, à l’image de ce que les archéologues appellent le "point zéro", soit l’endroit du site de fouilles à partir duquel ils établissent leur carroyage et toutes leurs mesures.
L’émotion était là pour lui. De mon côté, j’ai découvert l’univers passionnant des fouilleurs avec enthousiasme. Passer ainsi une journée en lien avec les Magdaléniens qui, il y a 15 ou 20 000 ans, avaient établi leur campement en ces lieux est une expérience qui tient du voyage dans le temps. C’est inspirant, c’est troublant. C’est même, d’un certain point de vue, rassurant dans notre époque mortifère de constater que de génération en génération, des gens continuent de consacrer leur vie à comprendre les origines de l’humanité.
Surtout, imaginer comment ces hommes et ces femmes se nourrissaient, se déplaçaient et chassaient requiert une empathie et une imagination qui font un écho évident à celles que met en jeu le romancier.