Noms de plats : le nom (2)

(fait suite à cet article)

En fait, si les Français ne retiennent pas les noms de plats de cuisine étrangère, ce n’est pas entièrement de leur faute.
Par exemple, vous allez dans un restaurant chinois ; au lieu de noms de plats, ce sont des « descriptions » que vous trouvez dans la carte : ravioli aux crevette, sauté de nouilles, ragoût au tôfu…
À côté, il y a souvent des noms chinois, écris en chinois : la vérité seulement aux sinophones.
Dans ce cas de figure, nous les Japonais, nous regardons plutôt les noms chinois ; certains plats nous sont connus sous ce nom-là, qui s’écrit pareil ou presque pareil même si nous le prononçons différemment. Donc notre connaissance est partielle, nous les repérons à l’écrit mais pas phonétiquement. Et au moment de les commander, nous montrerons le nom sur le menu parce que nous ne savons pas le prononcer dans la langue de la serveuse.

Et dans un restaurant sino-thaïlandais ou sino-vietnamien ou sino-thaï-viet-cambodgien, comme on en trouve pas mal dans Paris, l’inscription français-chinois de la carte ne suffit en réalité pas.
Du coup, ce qui est marqué dans la carte est :

Une description du plat en français
Le nom du plat en chinois (qui est le nom original pour les plats réellement chinois, mais une traduction pour les autres plats)

Auquel cas, même si vous voulez, avec la meilleure volonté du monde, apprendre le nom de ces plats, c’est impossible.

À ce moment-là, celui ou celle qui nous sert cette cuisine pense sans doute :

1) on ne va pas se compliquer la vie (« de toute façon, les étrangers ne retiennent jamais le nom des plats »)
2) il n’y a pas la place sur la carte d’indiquer les noms en trois langues
3) ou peut-être qu’eux-mêmes ne connaissent ces plats thaï/vietnamien qu’en chinois (ce qui est peu probable s’il s’agit de réfugiés chinois du Cambodge par exemple, mais possible quand un patron chinois de Chine recrute un cuisinier chinois réfugié du Cambodge (quoi que, je ne sais pas si ce genre de combinaison existe))

J’ai pris le cas d’un restaurant chinois, mais en fait, on pourrait faire toute une investigation linguistique sur les cartes de restaurants de cuisine étrangère. La culture d’origine de la cuisine peut impliquer un style commun de présentation, et parfois ce sera le pays d’accueil qui imposera un certain système de description.

28 octobre 2011
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