Nous sommes prêts

D’abord.
Il y a eu la vibration.
Qui se propageait, venue hésitante, à peine un tressaillement, le son frémissait. Son ondulation nous a réveillés.
Nous avons senti que quelque chose allait venir, advenir, changer.
Puis la lumière s’est infiltrée.
Nous nous sommes demandé ce qui ensuite viendrait. Les autres racontaient que les racines se développaient encore là-haut. La lumière et le vent sont entrés, ici c’était vraiment curieux. Nous tendions le cou que nous n’avions pas pour comprendre ce qui arrivait, ce qui advenait. Et ce qui est venu fut la masse curieuse et mobile, chaude et tranchante du corps et de l’outil que tu étais et que tu tenais. Tu nous as délogés à grands mouvements et lancés.
C’était inattendu.
Hier, c’était inattendu.
Et maintenant, tu ne nous regardes pas, tu ne nous vois même plus. D’ailleurs, tu t’éloignes tu escalades et tu te demandes, tu lui demandes.
Tu la questionnes tu l’examines, la roche.
Ton pull est accroché aux branches de l’arbuste du haut du plateau de là-haut qui est la terre ferme le bord où s’achève la forêt, où commencent les bois les arbres, suivant comment on s’accorde à lire les choses.
Tu l’arpentes et l’observes la roche le banc le grès dur. Vous reprenez les coups alternés en rythme en cadence tu surveilles.
Et vient le coup qui alerte. Vous avez entendu comme nous, le son du dernier coup porté. Tu surveilles la trace et tu interroges la masse. Il y a quelques possibilités, mais il y a surtout la ligne idéale et il s’agit de la trouver la faille les pointillés. Taper. Tracer. Percer là où la coupe sera franche, et belle. Que la pierre casse net. Continuer suivre la fragilité l’accompagner la révéler elle qui dort dedans ou qui mord dedans la fulgurante.
Plus besoin de dire ni de demander.
La fracture se propage tranchée qui traverse tout à coup au dernier coup elle s’annonçait.
Nous sommes prêts.
Nous l’avons toujours été.
À reprendre.
À enserrer sourdement.
Nous sommes là chaque fois.
Depuis le début.
Depuis avant même la pierre, avant sa formation.
Et maintenant son arrachement.

(le sable)