Et toi connais-tu ta grand-mère ?
Nous travaillons sur nos grands-mères. Nous nous demandons comment les raconter. Ce texte collectif est un collage de ce que nous savons de ces femmes que nous ne connaissons peut-être pas autant que nous le pensons.
Elle est à peine arrivée qu’elle veut déjà repartir.
Elle a grandi dans la misère en cultivant des champs, des oliviers, et en s’occupant d’animaux.
Elle adore faire le ménage, tricoter, le sudoku, sa Fiat 500 et jouer à Pokemon Go.
Elle adore raconter des histoires mais presque jamais sur elle.
Elle est une femme forte et coriace qui ne se soumet à personne.
Elle aime faire beaucoup de cadeaux.
Elle vit la nuit et dort le jour.
Elle n’a jamais vraiment pardonné à ses parents de l’avoir abandonnée.
Son état se dégrade à vue d’œil mais je fais comme si je ne le remarquais pas, elle commence à me confondre avec mes tantes.
Elle ne s’est jamais totalement séparée de sa sœur, qui est sa voisine.
Elle cuisine très bien. Sa mère était bipolaire.
Elle est présidente d’une base de canoë kayak.
Elle a passé plus de 60 ans dans son village d’origine.
Elle porte tout le temps des lunettes de soleil assez belles.
Elle vivait à la campagne avant de se lier à la noblesse.
Elle n’aimait pas vraiment son frère mais il est monté dans son estime lorsqu’il lui a dit qu’elle était jolie.
Elle aime, enfin je ne sais pas si elle aime, mais elle essaye de faire culpabiliser les gens pour un rien.
Elle est morte quand j’avais deux ans, je n’ai pas eu le temps de la connaître, on peut qualifier ceci de rencontre à sens unique.
On fait des face cam quand on le peut et sa maison a l’air assez grande.
Elle aime cueillir des framboises en été, elle veille tard le soir devant la télé car elle n’arrive pas à dormir.
Elle rencontra mon grand-père qui venait d’Algérie et était boxeur.
Elle a deux enfants mais ils sont partis loin, à l’étranger, elle n’a plus personne pour l’accompagner.
Café, réveil, foulard, Guerlain, forte tête.
Je ne saurais dire comment elle s’appelle.
Elle parle beaucoup et ne garde pas les secrets, elle s’énerve très souvent contre mon grand-père et c’est assez drôle.
Elle habite à 50 minutes de Paris et quand j’étais petite elle faisait le trajet tous les jours pour me voir.
Je ne lui ai jamais parlé, mon père m’ayant interdit de la voir pour des raisons légitimes.
Elle a toujours peur que des choses mauvaises nous arrivent, elle aime bien les potins.
Sa famille était très aisée mais un drame survint.
Elle était directrice d’un asile pour enfants.
Elle ne m’a vue que trois fois dans sa vie, je l’entends tous les jours au téléphone mais ne sais jamais quoi dire.
Elle faisait de l’autostop et un jour, une Porsche 924 s’arrêta.
Je l’appelle parfois « la bibliothèque ».