« Les traductions des autres » :
Pierre Rusch & Nicolas Auzanneau


Rencontre co-animée par Anne-Sylvie Homassel & Jérôme Guitton


« La Théorie du roman s’ouvre sur l’évocation d’un âge d’or caractérisé par l’intégration harmonieuse de l’être humain dans son environnement physique, social et surnaturel. Le monde était alors le véritable foyer [Haus, Heim, Heimat] de l’homme, à qui l’inconnu même était familier. Pour exprimer cette osmose, Lukács recourt dès les premières lignes du texte à l’idée antique de la consubstantialité des âmes et des astres. »

Lignes extraites de Pierre Rusch, « Les Spectres de la totalité. L’histoire littéraire comme cosmologie et démonologie » : sur La Théorie du roman, de Georg Lukács. Qu’il vient de retraduire en français pour la revue Romanesques (Université de Picardie - Jules Verne) : à paraître en Classiques Garnier. Pierre Rusch est philosophe, traducteur et enseignant. Son travail porte plus particulièrement sur la pensée allemande de l’entre-deux guerres et les représentants d’un marxisme non exclusif (Walter Benjamin, Max Raphael, Carl Einstein). Sa thèse de doctorat sur Georg Lukács, présentée en 2008 à l’EHESS, a fait l’objet d’un livre : L’œuvre monde, Kincksieck, 2013.

Avec l’histoire, l’œuvre se démarque du monde. Nicolas Auzanneau en fait lui aussi le constat dans Bibliuguiansie (PhB éditions, 2018) : du jour où il découvre que le dictionnaire letton-français qu’il utilise quotidiennement est daté « Riga, 1941 », la pire période, nous dit-il, de l’histoire de la Lettonie (entre la prise de Riga par les Allemands et son occupation sous les Soviétiques), l’auteur n’a de cesse de « réparer », non seulement cet objet dictionnaire tombé en dislocation, mais aussi le souvenir des auteurs.rices, comme rayé de la mémoire officielle des lexicographes.

Nicolas Auzanneau vit comme traducteur entre Bruxelles et Riga. Il a publié en français plusieurs auteurs écrivant en letton, notamment Rainis, Eriks Adamsons ou Janis Jonevs.

Ci-dessous (deuxième photographie) le dos du dictionnaire : « un treillis d’agrafes, de fil de fer et de vieux journal imprimé en cyrillique » (Bibliuguiansie, p.20)

19 mars 2024
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