Un quartier valoriseÌ

Emmanuelle Murat et l’équipe de meÌ diatheÌ caires,
MeÌ diatheÌ€ques de Palaiseau
/ CommunauteÌ d’agglomeÌ ration Paris-Saclay (91).
Résidence (en cours) de Mariannick Bellot àla médiathèque des Hautes-Garennes.



1. Pourquoi en tant que meÌ diatheÌ€que, avoir deÌ cideÌ d’accueillir une reÌ sidence d’auteur ?

A l’origine, il y avait les 50 ans du quartier et les 20 ans de la meÌ diatheÌ€que des Hautes-Garennes. Cela nous a donneÌ l’audace de voir grand, et de lancer un projet tel que nous en reÌ‚vions.

La meÌ diatheÌ€que des Hautes-Garennes est une meÌ diatheÌ€que de quartier, avec un vrai lien avec les personnes qui la freÌ quentent, quels que soient leur aÌ‚ge et leurs habitudes culturelles. Elle se situe aÌ€ coÌ‚teÌ d’une eÌ cole, aÌ€ l’inteÌ rieur d’un centre social, au cÅ“ur d’un quartier enclaveÌ et coupeÌ du centre-ville par la preÌ sence d’une autoroute.
C’est un lieu chaleureux qui joue un vrai roÌ‚le social. Les gens ne viennent pas juste pour emprunter des livres ou retirer leurs reÌ servations, mais pour l’eÌ change, que renforcent encore les habitudes de collaboration avec le centre social et l’eÌ cole.
Elle accueille aussi bien les groupes d’assistantes maternelles, que les enfants (en classes maternelles et primaires) de l’eÌ cole toute proche, ou les familles, les personnes aÌ‚geÌ es, les ados pour les clubs lecture... Elle beÌ neÌ ficie d’un lien de proximiteÌ construit sur des anneÌ es avec un public aux origines sociales et ethniques treÌ€s diverses.

Accueillir une autrice en reÌ sidence, c’est d’abord la soutenir et lui donner du temps pour creÌ er. Dans ce cas preÌ cis, c’est aussi lui offrir l’opportuniteÌ de rencontrer les habitant.es du quartier pour mener ses entretiens preÌ paratoires, et affiner ses recherches documentaires. Mariannick Bellot a pu interviewer plus de 50 personnes graÌ‚ce aÌ€ l’entremise de la meÌ diatheÌ€que et du centre social des Hautes-Garennes, ce qui a nourri (et continue de nourrir) l’eÌ criture de son roman. Ces interviews l’ont fait connaiÌ‚tre aupreÌ€s des habitant-es, qui se sont en retour senti-es impliqueÌ -es dans ce projet sur l’histoire de leur quartier.

Une partie de ces interviews a donneÌ naissance aÌ€ un documentaire sonore de creÌ ation diffuseÌ sur France Culture : cette valorisation de leurs paroles, de leur veÌ cu, a permis de donner aux habitant-es une autre image de leur quartier. L’eÌ coute de ce documentaire a permis aux un-es et aux autres de s’entendre, et parfois de se reconnaiÌ‚tre, d’une tout autre manieÌ€re, aÌ€ travers le reÌ cit d’anecdotes aÌ€ la frontieÌ€re de l’intime et de l’universel. Cette mise en avant des habitant-es a rayonneÌ dans l’ensemble de la ville dont ils se sentent coupeÌ s. La meÌ diatheÌ€que des Hautes-Garennes a reçu des retours des colleÌ€gues des autres meÌ diatheÌ€ques de Palaiseau, mais aussi de colleÌ€gues des services de la mairie, heureux de deÌ couvrir autrement des personnes et des lieux qu’ils croyaient connaiÌ‚tre.

Ensuite, accueillir une autrice, c’est faire vivre ce lieu diffeÌ remment de d’habitude (encore qu’il n’y ait pas de routine). D’une part, symboliquement, ce projet d’envergure a eÌ teÌ initieÌ et porteÌ par une petite meÌ diatheÌ€que de quartier, aÌ€ contre-courant des usages qui font de la meÌ diatheÌ€que principale, celle du centre-ville, le vaisseau capitaine. Il s’est construit en eÌ troite collaboration entre la meÌ diatheÌ caire des Hautes-Garennes et la directrice des meÌ diatheÌ€ques de Palaiseau. La meÌ diatheÌ€que principale a beaucoup soutenu ce projet, ce qui a permis de faire rayonner ces logiques de meÌ diatheÌ€que de quartier, diffeÌ rentes des meÌ diatheÌ€ques de centre-ville.
D’autre part, un des objectifs majeurs de cette reÌ sidence est de faire connaiÌ‚tre le processus de creÌ ation aÌ€ nos publics, par des rencontres et des ateliers.
Rendre accessible le livre sous toutes ses formes aÌ€ tous les publics, le faire de façon vivante, et pertinente pour une partie des habitant-es du quartier assez eÌ loigneÌ e de lecture, est ce aÌ€ quoi nous nous attachons le plus.
Ici, l’objectif est double, car Mariannick Bellot travaille aussi beaucoup pour la fiction radio. Cela nous permet de sensibiliser le public aÌ€ la creÌ ation litteÌ raire contemporaine mais aussi aÌ€ l’eÌ criture en fiction sonore (concerts-fiction, livres CD... podcast), ce qui est peu usuel.

GraÌ‚ce au travail de terrain meneÌ par notre meÌ diatheÌ caire et par le centre social, ainsi que par l’autrice aÌ€ travers ses interviews, les habitant-es du quartier se sont senti-es impliqueÌ - es dans le projet et se sont deÌ placeÌ -es pour chaque eÌ veÌ nement, atelier d’eÌ criture, atelier bruitage, rencontre avec des eÌ crivains, une bruiteuse...
Quelques personnes qui ne freÌ quentaient pas la meÌ diatheÌ€que des Hautes-Garennes l’ont deÌ couverte aÌ€ cette occasion. Quand les rencontres ont eu lieu en centre-ville aÌ€ la meÌ diatheÌ€que principale, des habitant-es du quartier sont venus nombreux pour y assister, passant la barrieÌ€re symbolique du pont de l’autoroute. Certaines personnes sont aussi venues de Paris.

Voici nos objectifs d’origine, que nous sommes heureuses d’avoir deÌ jaÌ€ atteints :

_ L’objectif est d’ancrer et d’encrer l’histoire du quartier des Garennes dans l’histoire globale de Palaiseau, et des territoires d’Ile-de-France. Nous avons pu remarquer que lorsqu’on interroge les gens du quartier sur leur histoire, ils reÌ pondent spontaneÌ ment : « oh, mais moi, je n’ai rien aÌ€ dire  »...
En effet, ce quartier n’a pas de patrimoine remarquable, pas d’eÌ glise du XIIe sieÌ€cle, pas de maison ouÌ€ aurait dormi George Sand. Au contraire, il est plutoÌ‚t attacheÌ aÌ€ un imaginaire neÌ gatif, petite deÌ linquance, deÌ sheÌ rence. Son histoire n’est raconteÌ e nulle part, il apparaiÌ‚t treÌ€s peu dans les livres consacreÌ s aÌ€ la commune. Les gens eux-meÌ‚mes se vivent comme sans importance.
Devenir une source d’inspiration pour une eÌ crivaine, prendre soi-meÌ‚me le stylo pour raconter son histoire, en faire un projet collectif : la richesse du quartier, c’est toutes les petites histoires des gens. C’est un quartier qui s’est construit comme ça deÌ€s son origine, autour de la notion de projet commun (avec les maisons Castor par exemple). Cela permet de teÌ moigner de la part beÌ neÌ fique et gratifiante de la vitaliteÌ d’une communauteÌ .
Le public viseÌ est la population du quartier des Hautes-Garennes, en particulier les personnes freÌ quentant le centre social, la meÌ diatheÌ€que des Hautes-Garennes, et l’eÌ cole eÌ leÌ mentaire Etienne-Tailhan.

Nous cherchons aÌ€ toucher toutes les geÌ neÌ rations, et toutes les origines sociales ou geÌ ographiques. Pour cela, nous nous appuyons sur le travail de fond meneÌ par la meÌ diatheÌ€que et le centre social envers leurs habitueÌ .es, le rayonnement de l’eÌ cole, le relais des informations dans le magazine de la ville, et le partenariat avec les associations travaillant quotidiennement avec le centre social.
Les cycles de rencontres et certains ateliers d’eÌ criture meneÌ s dans la meÌ diatheÌ€que Hautes-Garennes sont ouverts aÌ€ tous les publics. D’autres ateliers sont destineÌ s aÌ€ des publics speÌ cifiques : personnes aÌ‚geÌ es, familles du quartier, enfants et adolescents freÌ quentant la Pause Cartable (association de soutien scolaire), enfants inscrits au centre de loisir apreÌ€s l’eÌ cole, eÌ leÌ€ves de l’eÌ cole.


2. Pourquoi cette autrice en particulier ?

La meÌ diatheÌ caire des Hautes-Garennes connaît cette autrice, d’abord comme lectrice et maman de jeunes lecteurs et lectrice, puis comme romancieÌ€re (pour ses deux romans jeunesse). Elle avait depuis longtemps l’ideÌ e d’organiser quelque chose autour de son travail avec l’eÌ cole eÌ leÌ mentaire.

Valoriser une autrice de la ville, du quartier, au sein de la ville, nous paraissait proceÌ der du meÌ‚me mouvement que lorsque nous travaillons au maillage local, en deÌ plaçant la bibliotheÌ€que sous de grands parasols au pied des immeubles pour aller aÌ€ la rencontre des personnes eÌ loigneÌ es des livres, ou en faisant participer les parents pour des contes en langues eÌ trangeÌ€res sous le grand ceÌ€dre devant le centre social, ou en faisant appel aÌ€ une conteuse reÌ sidant aÌ€ Palaiseau, ou en faisant participer aÌ€ nos actions les enfants de la Pause Cartable du centre social. Nous travaillons pour et avec les gens, en creÌ ant des liens entre eux, et avec les livres.
Que l’autrice reÌ side dans le quartier accentue sa proximiteÌ avec nos publics, et facilite l’identification entre elle et eux. Ainsi, ce qu’il y a d’impressionnant dans le statut de l’eÌ crivain, qui peut facilement mettre aÌ€ distance, n’a plus lieu d’eÌ‚tre dans ces conditions.

Nous avons aussi choisi cette autrice car nous connaissions les diffeÌ rents aspects de son travail (pour le cineÌ ma, la radio, et le podcast) : eÌ tendre l’approche de la litteÌ rature aÌ€ la fiction radio, passer de la lecture aÌ€ l’oraliteÌ , nous paraissait une bonne voie pour une partie de notre public eÌ loigneÌ de la lecture. Personne ne reÌ siste aÌ€ une histoire bien raconteÌ e. De meÌ‚me, si les reÌ ticences aÌ€ eÌ crire sont nombreuses, raconter une histoire au micro, et ensuite la voir transformeÌ e en texte, se preÌ sente comme un jeu. Cela a bien fonctionneÌ lors des ateliers d’eÌ criture.
Dans le meÌ‚me ordre d’ideÌ e, le choix de cette autrice ameÌ€ne la deÌ couverte des formes litteÌ raires diffeÌ rentes, lieÌ es aÌ€ la radio. Podcast, documentaire, fiction radio...
DeÌ couvrir les diffeÌ rentes facettes de la fiction radio eÌ tait aussi un domaine que nous avions envie d’explorer avec notre public, notamment avec des rencontres avec des professionnels (l’auteur des concerts fictions SteÌ phane Michaka et la bruiteuse Elodie Fiat).

Enfin, nous avons envie de soutenir son projet sur l’ordinaire d’un quartier et son eÌ volution dans le temps, aÌ€ travers la sensibiliteÌ et les souvenirs de personnages nourris de souvenirs reÌ els.


3. Comment se passe l’accueil d’un auteur en reÌ sidence dans votre meÌ diatheÌ€que ? Comment cette collaboration se construit-elle, et comment eÌ volue-t-elle au jour le jour ?

La proximiteÌ geÌ ographique de la meÌ diatheÌ€que des Hautes-Garennes avec l’eÌ cole et le centre social a favoriseÌ l’accueil de la reÌ sidence et la rencontre avec les diffeÌ rents publics. Les liens avec ces structures ont eÌ teÌ tisseÌ s depuis longtemps, et sont treÌ€s actifs. La meÌ diatheÌ€que des Hautes-Garennes meÌ€ne de nombreuses actions avec l’eÌ cole Etienne-Tailhan, avec les enfants de la Pause Cartable accueillis par le centre social, et participe aux actions du centre social. A partir de laÌ€, la mise en place de la reÌ sidence a eÌ teÌ faciliteÌ e.

Au jour le jour, l’accueil se passe en premier lieu par les interviews meneÌ es par l’autrice dans les locaux du centre social qui abrite la meÌ diatheÌ€que Hautes-Garennes.

Cet accueil se structure aussi autour des diffeÌ rentes actions meneÌ es autour de cette reÌ sidence :
– ateliers d’écriture àla médiathèque Hautes-Garennes avec des lectrices et des
lecteurs, des habitant-es du quartier (toujours dans les locaux du centre social,
notre lieu est trop petit pour accueillir un public nombreux)
– ateliers d’écriture avec les enfants de la Pause Cartable du centre social
– ateliers d’écriture avec les enfants de l’école élémentaire Etienne-Tailhan (àl’école
et au centre social)
– atelier « petite Histoire, grande histoire  » avec le public du centre social
– rencontre avec Mariannick Bellot et présentation de la résidence àla médiathèque
George-Sand (en juin 2022)
– atelier bruitage et rencontre avec l’auteur Stéphane Michaka et la bruiteuse Elodie
Fiat àla médiathèque George-Sand en centre-ville (décembre 2022)
– formation au podcast pour les médiathécaires, avec la création de podcast sur les
romans de Véronique Ovaldé (en février 2023)
– rencontre avec Véronique Ovaldé àla médiathèque George-Sand (en mars 2023).

Cette formation n’était pas prévue initialement. C’est en discutant ensemble que nous est venue l’idée. De même avec la directrice du centre social, qui est très active dans nos échanges : cette collaboration étroite entre nos médiathécaires, la directrice du centre social et l’autrice permet de mettre en place rapidement des projets au plus près des besoins des publics pour lesquels nous travaillons.

Ces différents projets nécessitent des réunions de mise en place (soit au centre social, soit àla médiathèque George-Sand) grâce auxquelles les différentes collègues ont fait connaissance avec l’autrice et se sont familiarisées avec la résidence.

La diffusion du documentaire a contribueÌ aÌ€ rendre le projet plus tangible, et la rencontre pour les enfants avec l’atelier bruitage a impliqueÌ la participation des colleÌ€gues jeunesse qui ont appreÌ cieÌ la façon dont cela s’est deÌ rouleÌ .

Au deÌ part, ce projet inhabituel a engendreÌ des crispations dans nos eÌ quipes : les rencontres sont financeÌ es avec une partie du budget qui leur est alloueÌ , sans qu’elles aient choisi ni l’autrice en reÌ sidence ni les professionnel-les inviteÌ -es, et le surcroit de travail se rajoute aux contraintes d’un meÌ tier deÌ jaÌ€ bien chargeÌ . Ces reÌ ticences se sont atteÌ nueÌ es avec le temps, et ont fini par disparaiÌ‚tre, d’ouÌ€ l’inteÌ reÌ‚t des reÌ unions. Les diffeÌ rentes colleÌ€gues se sont beaucoup impliqueÌ es, creÌ ant les affiches, participant aÌ€ l’atelier bruitage, ou animant le club litteÌ raire en vue de la rencontre avec VeÌ ronique OvaldeÌ .
Il a fallu faire de la place pour cette reÌ sidence : dans la programmation, en trouvant des temps deÌ dieÌ s, puis lors des rencontres, en reÌ ameÌ nageant physiquement les espaces d’accueil du public. Cela implique tout un travail de preÌ paration et d’animation pour faire vivre la reÌ sidence.

La meÌ diatheÌ€que des Hautes-Garennes s’inscrit dans un reÌ seau de meÌ diatheÌ€ques de l’AgglomeÌ ration Paris-Saclay, qui a lui aussi contribueÌ aÌ€ faire connaiÌ‚tre les eÌ veÌ nements publics.

Enfin, la Mairie de Palaiseau a soutenu le projet (affiches, parution dans le journal local), et la librairie « La Fontaine aux livres  » en face de la meÌ diatheÌ€que George-Sand a elle aussi participeÌ lors des rencontres avec les eÌ crivains pour des ventes-deÌ dicaces.

Cet accueil s’est donc deÌ rouleÌ aÌ€ plusieurs niveaux : aÌ€ un niveau treÌ€s local, celui du quartier, celui de la ville, et au niveau du territoire avec l’agglomeÌ ration Paris-Saclay.


4. Comment selon vous l’accueil d’un auteur en reÌ sidence s’inscrit-il dans la mission de service public de diffusion de la lecture ?

Le programme qui se construit pendant la reÌ sidence a vocation aÌ€ donner envie, aÌ€ transmettre aussi bien le gouÌ‚t de la lecture que celui de l’eÌ criture, par toutes les actions meneÌ es.
Ces moments de rencontres et d’ateliers sont des instants privileÌ gieÌ s, pour donner gouÌ‚t aÌ€ la lecture aux personnes qui n’y ont pas acceÌ€s aussi bien financieÌ€rement que par leurs habitudes culturelles, ou leur niveau d’alphabeÌ tisation.

Pour cela, le son et l’usage du micro sont des outils treÌ€s pratiques. Pour exemple, lors de l’atelier avec les enfants de l’eÌ cole Tailhan, toutes et tous ont produit un ou plusieurs textes, quel que soit leur niveau en français. La classe (CE1-CM2) accueille des enfants du voyage, et un enfant allophone scolariseÌ en France depuis le deÌ but d’anneÌ e. La possibiliteÌ d’enregistrer le texte, de raconter avant d’eÌ crire, les a inclus dans le processus de creÌ ation aÌ€ l’eÌ gal des autres enfants.
En rencontrant l’autrice qu’ils connaissaient avant comme une meÌ€re d’eÌ leÌ€ve, les enfants de l’eÌ cole Tailhan ont aussi pu lui poser des questions et se faire une image plus concreÌ€te des meÌ tiers lieÌ s aÌ€ l’eÌ criture.

MeÌ‚me les gens qui n’aiment pas lire des livres sur papier sont seÌ duits par une histoire qu’on leur raconte.
La fiction radio a aussi l’avantage de rendre accessible les classiques de la litteÌ rature, de les deÌ sacraliser. Ainsi, les enfants de l’atelier bruitage ont travailleÌ sur Alice et merveilles de SteÌ phane Michaka, adapteÌ de Lewis Caroll. Pendant la rencontre avec cet eÌ crivain, ils ont eÌ couteÌ des extraits des concerts fictions de Moby Dick, et de 20 000 lieues sous les mers.

Le son offre un autre moyen pour acceÌ der aÌ€ la lecture et aÌ€ la connaissance, mais aussi aÌ€ la pratique de l’eÌ criture, en passant par l’oraliteÌ .

Les rencontres avec des eÌ crivains sont un autre moyen de diffuser la lecture.
Celle avec VeÌ ronique OvaldeÌ sera preÌ pareÌ e par le club litteÌ raire, dont les membres vont lire ses romans, en particulier Jeune fille en coleÌ€re sur un banc de pierre, qui vient d’eÌ‚tre publieÌ . Ils interviendront lors de la rencontre animeÌ e par l’autrice en reÌ sidence pour poser des questions.
GraÌ‚ce aux deÌ marches de Mariannick Bellot, la meÌ diatheÌ€que va recevoir de Flammarion plusieurs exemplaires des diffeÌ rents romans de VeÌ ronique OvaldeÌ , pour faciliter la lecture d’un maximum de personnes aÌ€ la fois.
Cette rencontre est aussi preÌ pareÌ e par les meÌ diatheÌ caires qui ont installeÌ des tables avec les romans, films, CD... que la romancieÌ€re cite comme importants pour elle, afin d’attiser la curiositeÌ des lectrices et des lecteurs.


5. Que vous apporte aÌ€ tous niveaux la preÌ sence de l’auteur ?

Le fait d’avoir reÌ aliseÌ des ateliers d’eÌ criture nous a permis de toucher un public plutoÌ‚t timide, qui disait n’avoir rien aÌ€ dire. Evoquer la meÌ moire du quartier permet d’eÌ voquer sa propre meÌ moire, et de laisser surgir la vivaciteÌ des souvenirs.

Ce public s’est impliqueÌ dans l’eÌ volution du projet, et le podcast est arriveÌ au bon moment pour faire durer l’inteÌ reÌ‚t sur un temps long, apportant une reconnaissance importante pour les gens du quartier, et leur permettant de deÌ couvrir leurs voisin-es autrement.

Il y a eu des rencontres, des gens qui se sont deÌ voileÌ s, des liens qui se sont creÌ eÌ s, et qui ont eÌ teÌ renforceÌ s par cette reÌ sidence. Ce projet feÌ deÌ rateur a aussi rendu plus riche et plus diverse la collaboration avec le centre social et l’eÌ cole.

GraÌ‚ce au travail meneÌ par cette autrice, le quartier est valoriseÌ dans le regard de ses habitant-es, mais aussi plus largement, d’apreÌ€s les paroles que nous rapportent nos lectrices et lecteurs. Il y a un changement de regard sur ce quartier, ce que montre le prochain article consacreÌ aux Hautes-Garennes preÌ pareÌ par le journal local.

La meÌ diatheÌ€que des Hautes-Garennes est aussi valoriseÌ e : c’est la premieÌ€re fois qu’on a un projet de grande envergure qui part d’une meÌ diatheÌ€que de quartier. Ce n’est pas un petit projet pour des petites gens.
C’est un projet sur le long terme qui se construit dans le temps, ce qui permet d’installer la nouveauteÌ et de deÌ velopper les ideÌ es, d’en faire surgir de nouvelles.

AÌ€ Palaiseau, le reÌ seau des bibliotheÌ€ques comporte une meÌ diatheÌ€que principale, la meÌ diatheÌ€que George-Sand, et trois annexes. Chacun de ces eÌ tablissements a son histoire, ses particulariteÌ s, et ses publics, ce sont des microcosmes singuliers. Cette reÌ sidence a eÌ teÌ l’occasion d’une collaboration plus pousseÌ e sur un projet creÌ atif, pas simplement une mise en commun des services supports. Elle a renforceÌ les liens entre la meÌ diatheÌ€que George-Sand et les meÌ diatheÌ€ques de quartier. Nous souhaitons renouveler cette expeÌ rience pour l’installer dans la dureÌ e.


6. Cette proximiteÌ prolongeÌ e avec un auteur change-t-elle votre regard sur son travail ? et sur le processus de creÌ ation en geÌ neÌ ral ?

Nous connaissions cette autrice en tant que lectrice, puis ses livres jeunesse, et son travail radiophonique. A l’occasion de cette reÌ sidence, nous avons deÌ couvert d’autres facettes de son travail, notamment le documentaire.

Nous avons deÌ couvert la masse de travail que chaque projet requiert, que ce soit un atelier ou l’eÌ criture d’une fiction, ou la mise en place d’une reÌ sidence...

Enfin, la meÌ diatheÌ caire des Hautes-Garennes a elle aussi eÌ teÌ intervieweÌ e. Cette expeÌ rience assez eÌ tonnante l’a ameneÌ e aÌ€ prendre du recul et aÌ€ reÌ fleÌ chir sur ses pratiques, ses missions, son meÌ tier.
Ce sont des questions qu’on ne se pose pas habituellement, car on fait les choses au quotidien, naturellement, sans analyse, en fonction du public, et les attentes eÌ tant diffeÌ rentes, chaque accueil est diffeÌ rent. A quelle demande reÌ pond-on ?
Qu’est-ce que notre mission apporte en plus ?

Ce que nous proposons en termes de collections, d’animation, la place de notre meÌ diatheÌ€que au sein du centre social et du quartier, c’est toute une histoire depuis 1983. Cette interview nous a permis d’avoir un regard reÌ trospectif, de faire un bilan sur tout le travail effectueÌ .
Nous en retenons avant toute chose cette proximiteÌ avec les habitant-es, ces lecteurs enfants devenus adultes, qui viennent avec leurs enfants, parfois avec leurs petits- enfants... Et qui demandent, « Tu te rappelles l’histoire que tu m’as lue ?  » (il y a une deÌ cennie, comme si le temps n’avait pas passeÌ ...)
Cet impact non mesurable que la meÌ diatheÌ€que a sur la vie des gens n’est pas quantifiable, mais nous le ressentons tous les jours.


7. L’expeÌ rience deÌ bouche-t-elle sur des suites possibles ?

Cela donne envie d’être encore sur des projets sur du temps long.

Le cadre de la reÌ sidence d’auteur est treÌ€s souple, treÌ€s modulable, et permet de deÌ velopper des actions culturelles au sein de la bibliotheÌ€que pour faire deÌ couvrir toutes les offres.
Rien n’a eÌ teÌ calculeÌ , et la mise en place de la reÌ sidence s’est faite naturellement, par le heureux hasard des rencontres et d’une volonteÌ commune d’eÌ‚tre au service des livres et du public : ce qui s’est passeÌ ici ne l’est peut-eÌ‚tre pas ailleurs.
NeÌ anmoins, d’avoir donneÌ forme aÌ€ un projet de ce type nous encourage aÌ€ reÌ‚ver aÌ€ d’autres projets : refaire une reÌ sidence, la travailler diffeÌ remment, avec d’autres personnes.

Puisqu’il s’agit de reÌ‚ver, voici ce que nous aimerions :

Un projet transversal, qui impliquerait la meÌ diatheÌ€que, le centre social, les groupes scolaires et la ludotheÌ€que, afin de mettre aÌ€ l’honneur la francophonie sous forme de festival litteÌ raire et artistique qui se deÌ clinerait autour de plusieurs axes :

Mise en place d’un festival sur 3 jours :
– Valorisation de la culture francophone (organisation d’un salon du livre jeunesse et adulte, en favorisant la production eÌ ditoriale des petits eÌ diteurs, rencontre des auteurs connus (Danny LaferrieÌ€re, Nancy Husto ou peu connus de nos publics (EugeÌ€ne EbodeÌ , Yahia Belaskri...)
– Organisation d’expo-ventes, de deÌ dicaces
– Temps fort de lecture à voix haute, de spectacles de contes
– ConfeÌ rences, deÌ bats sur l’avenir de la francophonie

Dans le cadre d’un jumelage avec l’un des pays francophones, faire correspondre des eÌ leÌ€ves de diffeÌ rentes classes, pour permettre l’eÌ change autour d’un projet commun, par exemple, une creÌ ation artistique, le partage une Å“uvre litteÌ raire illustreÌ e en vue d’une exposition... Les possibiliteÌ s sont multiples, d’autant que les moyens de communications sont divers (partager un blog, Facebook et autres...).

Programmation de projections de films francophones suivies de deÌ bats.

Accueillir une exposition sur les bibliotheÌ€ques – meÌ diatheÌ€ques des pays francophones (deÌ couvrir leurs particulariteÌ s et autres ...).

Temps fort sur l’art culinaire des pays francophones.
Associer les habitants du quartier aÌ€ repreÌ senter leur pays d’origine, en proposant des deÌ gustations culinaires speÌ cialiseÌ es.

DeÌ couverte des jeux issus de pays francophones : animations autour du jeu.

Accueil en reÌ sidence d’une eÌ crivaine francophone, telle que Fatou DiomeÌ , citoyenne du monde, universelle, qui ne peut pas eÌ‚tre mise dans une case.



Lire le point de vue de Mariannick Bellot, autrice en résidence.

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