Vendredi et d’autres jours 6/
Nouvelles questions pour poursuivre l’entretien avec Julien Viteau. Et puis, le calendrier des rencontres est en cours de refonte, janvier et même février semblant peu vraisemblables pour se retrouver. Dès qu’il sera prêt - on n’ose dire fixé - vous serez tenus au courant.
Puisque cette résidence se fait autour de la traduction, peux-tu évaluer la part de littérature traduite dans tes lectures ?
La littérature traduite occupe la plus grande part dans mes lectures. Je lis essentiellement de la poésie, notamment américaine et italienne et de la philosophie « continentale » comme disent les Américains. Cela suppose, par force, de lire en traduction.
T’arrive-t-il d’en lire en version originale et si oui, en quelle langue ?
Je lis rarement en version originale, excepté la presse en langue anglaise ou italienne. Je peux me référer à la version originale pour voir ce que veut rendre tel ou tel terme. À la librairie Vendredi, il y a toujours beaucoup de débats sur les traductions, leurs impossibilités ou leurs mérites. J’avoue que je me pose rarement cette question, à moins que je me la pose toujours et y compris quand je lis des auteurs français. Accéder au sens, c’est toujours interpréter ou traduire pour soi, dans sa propre langue. Si on est lecteur, on est traducteur non ? Je ne sais pas juger de la valeur ou de la fidélité d’une traduction : cela « passe » ou non pour moi. Possible que certaines traductions améliorent l’œuvre originale ou la dénaturent mais ce qui compte, c’est mon plaisir et peu importe à qui je le dois, auteur ou traducteur.
Et puis, trouves-tu pertinent le classement traditionnel en librairie ou en bibliothèque entre littérature française et littérature « étrangère » ?
Je ne sais pas trop. Pour nous, la frontière est plutôt entre le flux et le fonds. À la librairie Vendredi, l’espace est très contraignant. Alors, on distingue les « vieux » morts (avant le XXIe siècle) des « jeunes morts » et des vivants. Ensuite, on classe par aire linguistique, notamment pour la poésie. On peut vouloir lire de la littérature lusophone ou russe et il faut les trouver facilement. C’est un mélange de principes et d’exceptions pas toujours clairs. Par exemple, Yourcenar est dans les contemporains alors que Duras est dans les classiques.