Je réside en mouvement


Julia Deck, en résidence au lycée Elisa-Lemonnier (Paris) en 2023.


Je réside en mouvement. Je circonscris le campement, extrais de ma besace les ustensiles nécessaires, fais circuler le thermos, propose à une camarade maîtrisant le feu d’allumer le camping-gaz. Nous plantons les sardines. Parfois le sol présente des aspérités inconfortables. Nous déplaçons la tente, un cran par-ci, un cran par-là. Si, au cours de la première nuit, des intempéries révèlent un défaut de fixation, ou que nous découvrons au réveil un taurillon furieux dans notre champ, nous réévaluons nos certitudes. À la fin de l’été, nous connaissons les moindres particularités du terrain. Nous nous sommes adaptées au lieu. Il nous a fourni le cadre d’expériences bienheureuses. Satisfaite, je remballe mon bazar et transporte ailleurs ma résidence.



Aurore Évain, en résidence à la librairie Paroles (Saint-Mandé) en 2022-2023.

Un lieu à soi, dédié aux livres depuis au moins 1903, l’odeur du bois de sa mezzanine toujours présente, tel un baume, pour abriter la forêt de livres de cette librairie saint-mandéenne, y faire bruisser les flots de paroles soufflant de feuilles en feuilles… Et, cerise sur le pudding, une pluie de guinées offertes par la Région Île-de-France ! L’ombre de Virginia Woolf semblait bien planer au-dessus de la librairie Paroles qui m’accueillait pour cette résidence. L’occasion rêvée pour lui susurrer que… si, Virginia, la sœur de Shakespeare a sans doute existé. Elle s’appelle Mary Sidney. Rest in peace, Mary & Virginia, et que vos âmes continuent de hanter nos sœurs de plume.



Emmanuelle Favier, en résidence au Pays de Nemours en 2023-2024.

Il y aura pour moi un avant et un après cette résidence. Je n’ai rencontré, sur les nombreux chemins parcourus en Pays de Nemours, que des fées (ou des féetauds) qui ont accueilli de leur enthousiasme et de leur bon sens toutes mes idées, tous mes rêves, tous mes délires. Tout s’est passé dans la joie, avec une fluidité rare. J’ai pu créer, inventer, apprendre. Surtout, j’ai pu transmettre, à des jeunes notamment, un peu de ma conviction : que l’art permet de s’approcher un peu de soi-même, et donc des autres.

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