Poésie et faits divers (1) : Laure Gauthier reçoit Séverine Daucourt-Fridriksson

Le 17.11. 2019, j’ai reçu Séverine Daucourt-Fridriksson.
Cette invitation ouvre une série de six rencontres qui se tiendront à l’Achronique jusqu’au mois de mai autour de la notion de « poésie et faits divers : contre la fait diversification du monde ».
Il s’agit de comprendre pourquoi les faits divers qui, longtemps, ont surtout intéressé les romanciers, sont depuis quelques années source d’inspiration, de critique et de réflexion pour les poètes. Les faits divers, initialement des faits que l’on ne pouvait classer dans aucune autre rubrique d’un journal, sont souvent devenus des faits choquants relevant de l’intime malmené : viols, meurtres, féminicides.
Transparaître donne voix à une adolescente qui se perd, qui aliène son corps au regard des hommes, et le viol y est évoqué de biais, le récit court sur l’arête de ce qui aurait pu finir dans un fait divers et se dire avec la rhétorique spectaculaire de cette rubrique. En faire un livre de poésie, c’est repenser le fait et le divers, le rapport au réel de la poésie, la notion d’exposition et de regard.
Après une double lecture captée, il s’en est suivi un dialogue avec Séverine Daucourt autour de la notion d’intime malmené, de l’adolescence exposée, du corps en poésie, des faits traumatisants et de ce qui a échappé aux faits divers. Ce livre a commencé comme un livre de prose avant de devenir un livre de poésie, et Séverine Daucourt a expliqué ce que ce changement de forme a changé dans son positionnement au réel.
Pour finir la séance, j’ai performé « une rhapsodie pour qui », un extrait de Les corps caverneux, livre en cours d’écriture. Cet extrait présente une des alvéoles du projet, une des façons dont on comble nos « trous », nos espaces vides dans notre société de consommation, au point de nous rendre inaptes à nous redresser et à formuler un désir de changement.


Les corps caverneux, extrait

14 janvier 2020
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